Le droit à la déconnexion est un concept de plus en plus discuté dans le monde du travail. Avec la montée du télétravail, qui s’est largement popularisé durant la Covid-19, les frontières entre la vie professionnelle et la vie personnelle sont devenues floues, rendant essentielle la mise en place de mécanismes permettant aux travailleurs de se déconnecter en dehors des heures de travail.
Ce droit vise à protéger la santé mentale et physique des employés en leur garantissant des périodes de repos réelles, à l’abri des sollicitations professionnelles. Plusieurs pays ont déjà adopté des lois en ce sens, et le débat continue de s’étendre à l’échelle internationale.
Dans cet article, nous explorerons la définition et l’origine de ce droit, son cadre légal au Canada et au Québec, ses bénéfices pour les employés et les entreprises, ainsi que les meilleures pratiques pour l’appliquer efficacement.
Le droit à la déconnexion: définition et origine
Le droit à la déconnexion est un concept selon lequel les travailleurs ne sont pas tenus de répondre aux appels, aux courriels ou à toute autre sollicitation professionnelle en dehors de leurs heures de travail. Ce principe permet d’établir une séparation claire entre la sphère professionnelle et la vie personnelle.
La notion de droit à la déconnexion est apparue en France en 2017 dans un ensemble de lois sur le travail, imposant ainsi aux entreprises de plus de 50 employés l’élaboration d’une politique encadrant l’usage des téléphones intelligents. Depuis, plusieurs pays européens, comme l’Espagne, la Belgique et le Portugal, ont suivi l’exemple en instaurant des mesures similaires.
Qu’en est-il du Canada? L’importance du droit à la déconnexion y est de plus en plus reconnue, mais aucun cadre légal précis n’a encore été établi. Certains projets de loi sont actuellement à l’étude. Au Québec, le projet de loi 799, déposé en 2021, vise à protéger les salariés en leur garantissant le droit de ne pas être contactés en dehors de leurs heures de travail. Toutefois, il est toujours en attente d’examen.
Pourquoi favoriser le droit à la déconnexion?
Le droit à la déconnexion ne se limite pas à une question de confort: il a des impacts directs sur la productivité, la santé mentale et l’engagement des employés. Voici quelques bienfaits notables de son adoption:
- Équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle: se déconnecter permet aux travailleurs de consacrer du temps à leur famille, à leurs loisirs et à leur bien-être. Cet équilibre est essentiel pour éviter l’épuisement professionnel et augmenter leur qualité de vie au travail.
- Diminution des effets néfastes de l’hyper-connectivité: l’exposition prolongée aux écrans et aux notifications constantes a des conséquences physiologiques et psychologiques, comme la fatigue oculaire, les troubles du sommeil ou une baisse de la concentration… Le droit à la déconnexion contribue à limiter ces effets et à améliorer la santé des travailleurs.
- Augmentation de la productivité: un employé reposé est plus performant. L’hyper-connectivité entraîne une surcharge cognitive qui réduit l’efficacité et la concentration. À l’inverse, prendre de vraies pauses bonifie la productivité et la capacité à résoudre des problèmes.
- Diminution du stress: ne plus être sollicité en permanence restreint la pression liée aux délais et aux attentes immédiates. Cela permet aux employés de relâcher la tension et de mieux récupérer après une journée de travail.
- Engagement et motivation des employés: les entreprises qui respectent ce droit envoient un signal fort que le bien-être de leurs employés est une priorité. Un cadre de travail sain favorise une plus grande satisfaction au travail et réduit le taux de roulement du personnel.
Comment mettre en place le droit à la déconnexion en entreprise?
Les entreprises peuvent encadrer le droit à la déconnexion à travers une charte, une politique interne ou un guide de bonnes pratiques. Par exemple, certaines organisations instaurent une règle interdisant les courriels entre 19h et 7h, sauf en cas d’urgence, tout en précisant ce qui constitue une urgence. Elles définissent également le droit à la déconnexion durant les journées de congé et les vacances.
Qui plus est, il est crucial de prendre en compte les préférences individuelles des employés. Certains souhaitent une flexibilité accrue et préfèrent travailler selon un horaire moins conventionnel. Par exemple, une employée pourrait préférer commencer sa journée de travail plus tôt ou faire quelques heures en soirée afin de pouvoir quitter à 16h pour aller chercher ses enfants à la garderie. Il est donc important d’avoir une approche souple, qui tient compte des besoins individuels.
Pour que la déconnexion soit respectée, elle doit être encouragée par la direction et les gestionnaires. Ceux-ci doivent prêcher par l’exemple. Il est essentiel de sensibiliser les employés et de créer une culture où ne pas répondre en dehors des heures de travail est perçu comme normal.
Vers une culture du travail plus équilibrée
Le droit à la déconnexion n’est pas une contrainte, mais une nécessité pour un environnement de travail sain et durable. C’est une question de culture d’entreprise et de respect du bien-être des employés. Encadrer la déconnexion permet d’améliorer la santé mentale et physique des travailleurs, d’optimiser la productivité et de renforcer l’engagement au sein des équipes.
Alors que le Canada et le Québec réfléchissent à la mise en place de lois en la matière, les entreprises d’ici peuvent dès maintenant adopter des politiques proactives pour garantir à leurs employés un vrai temps de repos.
Pascale Hubert
Rédactrice Web